Aujourd’hui, l’organisation du travail a radicalement évolué. Le numérique, le télétravail, les open space ou les visioconférences sont devenus notre quotidien. Ils nous permettent de gagner du temps, de collaborer plus facilement, mais ont aussi une conséquence invisible : nous bougeons de moins en moins. Et cette immobilité prolongée, devenue presque banale, n’est pourtant pas sans effet sur notre santé. C’est ce que l’on appelle la sédentarité au travail.
Ce phénomène ne concerne pas seulement les personnes qui ne font pas de sport. La sédentarité désigne avant tout le temps passé assis ou allongé, sans véritable dépense énergétique, au cours de la journée. Ainsi, même une personne qui va courir 30 minutes le soir mais reste assise 8 heures au bureau est exposée à ses effets négatifs.
Par exemple : 7h de bureau + 1h de voiture + 2h devant la télé = 10h de sédentarité.
Comprendre les risques de l’immobilité quotidienne
Les conséquences de la sédentarité au travail sur la santé sont bien connues aujourd’hui. En entreprise, elles prennent une ampleur particulière, car les collaborateurs passent en moyenne plus de 7 heures par jour en position assise, souvent sans pause réelle de mouvement. Cela favorise l’apparition de douleurs lombaires, de tensions cervicales, de raideurs articulaires, notamment au niveau des épaules et des poignets. Ce sont les troubles musculosquelettiques (TMS), première cause de maladies professionnelles en France.
Mais les effets ne s’arrêtent pas là. L’immobilité prolongée a également un impact sur notre métabolisme. Elle augmente les risques de diabète de type 2, de surpoids, d’hypertension ou encore de maladies cardiovasculaires. Des études ont même établi un lien entre la sédentarité et une augmentation du risque de certains cancers.
Moins visibles mais tout aussi réels, les impacts cognitifs et psychologiques sont également préoccupants. Le manque de mouvement ralentit l’oxygénation du cerveau, ce qui peut engendrer une baisse de concentration, de la fatigue mentale, voire un sentiment de démotivation. La posture, l’environnement de travail et la luminosité jouent également un rôle dans le moral quotidien des salariés.
Selon l’Anses, plus de 95 % des adultes en France sont exposés à un risque sanitaire lié à un excès de sédentarité ou à un manque d’activité physique. Santé Publique France estime quant à elle que cette inactivité est responsable de 50 000 décès chaque année.
Intégrer du mouvement dans le quotidien professionnel
Face à ce constat, il est essentiel de réfléchir à des leviers d’action concrets. Et la bonne nouvelle, c’est que les solutions ne sont ni complexes ni coûteuses.
L’un des premiers réflexes à adopter consiste à fractionner les périodes d’assise. Il ne s’agit pas de tout changer, mais d’introduire des mouvements simples et réguliers. Se lever pour répondre à un appel, marcher jusqu’à un collègue au lieu d’envoyer un message, se dégourdir les jambes entre deux réunions : ces petits gestes, s’accumulent, font toute la différence.
Il est également possible d’encourager les pauses actives, individuelles ou collectives. Quelques étirements, une courte marche à l’extérieur, ou même des échauffements musculaires en équipe en début de journée permettent de relancer la circulation sanguine et de détendre le corps.
L’aménagement du poste de travail joue aussi un rôle important. Les bureaux réglables en hauteur permettent d’alterner entre position assise et debout. Les sièges dynamiques, ballons ergonomiques ou tapis d’équilibre offrent des alternatives plus engageantes pour le corps. Mais rappelons-le : le meilleur poste de travail est celui que l’on quitte régulièrement.
Il est aussi bénéfique d’intégrer des moments de sensibilisation à la sédentarité. Des campagnes d’affichage, des ateliers sur la posture ou des conférences thématiques peuvent déclencher une prise de conscience collective. Proposer des défis de pas ou de mobilité peut aussi renforcer la cohésion d’équipe tout en valorisant l’activité physique.
Enfin, il est essentiel que cette dynamique vienne aussi de l’organisation elle-même. Donner l’exemple au sein de l’encadrement, libérer du temps pour les pauses, légitimer l’idée de « bouger au travail » … Ces signaux sont indispensables pour que chacun se sente autorisé à intégrer du mouvement dans sa journée.
Vers une culture du mouvement en entreprise
La lutte contre la sédentarité au travail n’est pas un luxe ni une contrainte supplémentaire. C’est un enjeu de santé publique, mais aussi un levier de bien-être, de performance et de prévention durable en entreprise.
En agissant dès aujourd’hui, les entreprises peuvent contribuer à créer un environnement de travail plus sain, plus dynamique et plus engageant. Parce qu’un salarié qui bouge est un salarié qui respire mieux, qui pense plus clairement, qui ressent moins de douleurs… et qui travaille plus sereinement.